FFO#10.5 | Focus : Equinok Films

QU'ELLE REVIENNE de Thibault Le Goff et Owen Morandeau

QU’ELLE REVIENNE de Thibault Le Goff et Owen Morandeau

Par Léo Dazin, auteur-réalisateur et Président d’Equinok Films

En 2019, nous fêtions en commun, Equinok Films et Courts en Betton, nos 10 ans respectifs à la Ferme de Quincé (Rennes). Le goût pour la fête, l’humour, le cinéma, nous avait réunis. Mais c’est également une histoire de compagnonnage puisque nos deux associations furent créées en parallèle par des étudiants et qu’il nous fallut inventer des films comme des moyens de diffusion. Car notre affinité reposa aussi sur un constat, celui d’un horizon bouché et d’une impossibilité à accéder à nos désirs avec les moyens existants qu’ils soient de financement ou de diffusion. Ainsi avons-nous découvert la raréfaction continue de ce que nous appelions « cinéma » des lieux qui lui sont dédiés. Notre « cinéma » a été globalement remplacé par de la production culturelle et télévisuelle à caractère civique. Cela est très patent dans le court métrage pourtant vanté comme lieu d’expérimentation et d’audace… Les adultes jouant aux adultes, l’amnésie et le snobisme envers les multiples formes et tons que le cinéma a pu prendre font loi. Furent ainsi régulièrement confondus la profondeur avec la gravité, les expressions singulières avec France Télévision, la diversité avec le stéréotype, l’émergence avec la continuité…

Les six films proposés ici sont des témoignages de réalisateurs et d’équipes qui ont essayé, expérimenté, appris sur le tas. Au formol institutionnel nous avons souvent opposé la légèreté voire l’inconséquence, face au raffinement petit bourgeois nous avons parfois répondu par de la grivoiserie ou de la vulgarité, pour nous matériaux de travail parmi d’autres.

Spectateurs, il faudra vous attendre à sauter du coq à l’âne tant les modalités d’expressions diffèrent dans les films qui vous sont proposés ici. Là réside notre « diversité », là résident à nos yeux l’intérêt du cinéma en général et du court métrage en particulier : donner à voir et à éprouver différentes façons de s’exprimer. À Equinok il n’y a pas de ligne éditoriale, les films se font selon les désirs des adhérents, selon des échanges de coups de main. Ces films se font par amitié.

Je n’aurais pas dû manger le chat (Matt Mandibul), Gargantua et Les Croubz (Léo Dazin), Désir et Qu’elle revienne (Thibault Le Goff et Owen Morandeau), Décalage (Sophie Marc) composent donc cette vitrine Equinokienne partielle. Je profite de cette exposition pour remercier certains de nos collaborateurs et amis qui ont donné beaucoup et régulièrement pour que ces films puissent exister : Antoine Bon (chef opérateur) Quentin Lamouroux (ingénieur du son), Aurélie Bidault (scripte), Carl Denot (photographe / cadreur), Erwan Le Boursicault (étalonneur). J’ai aussi une pensée pour Florian Passelergue (machiniste) qui nous a quitté l’année dernière et sans qui nous n’abordons plus nos tournages avec la même confiance. Je remercie évidemment le Festival du film de l’Ouest qui par cette vitrine de films déclassés soumise à KuB travaille à casser des lignes, contribue à décloisonner et à désembourgeoiser les films et les spectateurs, contribue à stimuler les imaginaires.

Pour visionner les films, rendez-vous sur KuB du 5 juin au 5 juillet !

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JE N’AURAIS PAS DÛ MANGER LE CHAT Matt Mandibul

Lieu de tournage : Ille-et-Vilaine (Rennes)
Production : Equinok Films (Rennes)
Fiction | Fantastique | 2013 | 5'54''
PITCH : Il y a longtemps, un savant créa une bête étrange pour tenir compagnie à son fils...‎

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, Président d'Equinok Films :

Matt Mandibul est un adhérent historique de l’association. Touche à tout, musicien dans les groupes La Honte et Mandarine et Rossignol, Matt a réalisé plusieurs films courts d’animation avec Equinok avant de se lancer dans la fiction avec JE N'AURAIS PAS DÛ MANGER LE CHAT. Par le biais du mythe de Frankenstein, son réalisateur nous parle de la fin de vie de son chien lorsqu’il était enfant.

ℹ : JE N'AURAIS PAS DÛ MANGER LE CHAT a été sélectionné à plusieurs reprises dans le cadre du Festival du film de l’Ouest et d’événements organisés par Courts en Betton.
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DÉSIR Thibault Le Goff & Owen Morandeau

Lieu de tournage : Sarthe
Production : Equinok Films (Rennes)
Fiction | Road movie érotique et culinaire avec des gamins | 2019 | 18'18''
PITCH : Sous un soleil caniculaire, Théophile, 10 ans, s’éprend de la jeune femme en lingerie sur l’affiche publicitaire d’un arrêt de bus. L’Amour… Menés par son bavard et nouvel ami Victor, les deux enfants se lancent à la recherche de la jeune femme…

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, Président d'Equinok Films :

Owen et Thibault ont réalisé quatre films avec Equinok. Désir est leur deuxième réalisation. Récit d’enfance autobiographique, les réalisateurs s’interrogent sur leur propre origine du mal. « Entre Mickael Haneke et Kad et Olivier », dixit le Télégramme.

BIO DES RÉALISATEURS :
Thibault est un enfant sauvage ayant grandi dans une meute près de Paimpol. Rescapé des combats clandestins, il devient acteur, metteur en scène, pilote, cinéaste et administrateur. Des suites d'une arrestation, il rencontre Owen en cellule, dans une cale de bateau. Ils décident alors de faire des films ensemble.

ℹ : Après avoir découvert le binôme avec LA VILLE S'ENDORMAIT en 2015 (6ème édition - Mention spéciale du Jury de la Presse), on avait également participé à la production de leur film LE PÉRIL JAUNE en 2019.
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GARGANTUA Léo Dazin

Lieu de tournage : Côtes-d'Armor
Production : Equinok Films (Rennes) et Courts en Betton (Betton)
Fiction | Western | 2018 | 14'
PITCH : Au cœur d’une forêt sévit un hors-la-loi. Le shérif et sa bande viennent arrêter le bandit qui n’est autre que Gargantua…

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, réalisateur et Président d'Equinok Films :

GARGANTUA est le fruit d’une première coproduction entre Equinok Films et Courts en Betton. Un film naïf dans la mesure où son réalisateur pensait qu’il pourrait moucheter les écrans des ghettos protectionnistes des festivals de films à signes distinctifs de richesse. Évidemment, GARGANTUA, tel son personnage principal ostracisé, sera resté dans son ghetto de déclassés.

BIO DU RÉALISATEUR :
Après des études de médecine à Lille au cours desquelles il finira par gérer une maison de tolérance, Léo s'éprend de l'une de ses protégées et s'envole pour Tanger où, avec sa femme, ils se reconvertissent dans la vente de nougat artisanal. Entre l'import-export et quelques cours de pilote d'avion, Léo réalise des films.

ℹ : On connaît bien Léo... Après plusieurs films en sélection dans le cadre du Festival - LE CONSERVATEUR (2015, 6ème édition) et 2 clips : EMMÈNE-MOI (2016, 7ème édition) et COMBAT ORDINAIRE (2017, 8ème édition) - l'association avait accompagné la production de son western costarmoricain GARGANTUA.
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DÉCALAGE Sophie Marc

Lieu de tournage : Ille-et-Vilaine (Rennes)
Production : Equinok Films (Rennes)
Fiction | 2018 | 21'52''
PITCH : Un jeune homme nouvellement employé d’une grande entreprise qui vend des éoliennes, laisse son travail prendre le dessus sur son quotidien…

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, Président d'Equinok Films :

DÉCALAGE est le deuxième film de Sophie avec l’association. Sous ses allures de film formellement poli, Sophie s’en prend au green washing, aux techniques managériales, à la répétitivité abrutissante d’un travail de bureau. Peut-être qu’au travers de ce film Sophie nous raconte aussi pourquoi elle exerce aujourd’hui le métier de régisseuse au cinéma ?

BIO DE LA RÉALISATRICE :
Après une licence en Arts du Spectacle, Sophie commence à travailler sur des courts-métrages en tant qu’assistante mise en scène et assistante régisseuse. Elle alterne aujourd'hui entre l’écriture et la régie sur des séries et longs métrages pour pouvoir financer ses films.
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LES CROUBZ Léo Dazin

Lieu de tournage : Finistère
Production : Equinok Films (Rennes)
Fiction | Science-fiction | 2020 | 6'
PITCH : Le soleil brule ce qu’il touche. Un homme s’est réfugié dans une épave de bateau très convoitée.

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, Président d'Equinok Films :

Dernier film en date de son réalisateur, LES CROUBZ fut réalisé dans un contexte particulier. Une fenêtre de temps de réalisation de 10 jours s’est offerte à Léo et son équipe. Aussi le film s’est-il écrit en cinq jours et tourné en deux… Un temps de maturation inexistant pour un résultat surprenant !

BIO DU RÉALISATEUR :
Après des études de médecine à Lille au cours desquelles il finira par gérer une maison de tolérance, Léo s'éprend de l'une de ses protégées et s'envole pour Tanger où, avec sa femme, ils se reconvertissent dans la vente de nougat artisanal. Entre l'import-export et quelques cours de pilote d'avion, Léo réalise des films.

ℹ : On connaît bien Léo... Après plusieurs films en sélections dans le cadre du Festival - LE CONSERVATEUR (2015, 6ème édition) et 2 clips : EMMÈNE-MOI (2016, 7ème édition) et COMBAT ORDINAIRE (2017, 8ème édition) - l'association avait accompagné la production de son western costarmoricain GARGANTUA.
Séance n°3
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QU’ELLE REVIENNE Thibault Le Goff & Owen Morandeau

Lieu de tournage : Ille-et-Vilaine (Rennes)
Production : Equinok Films (Rennes)
Fiction | Kammerspielfilm | 2020 | 17'21''
PITCH : Un alcoolique solitaire est amoureux de la livreuse d'Apéro Minute.

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BIO DES RÉALISATEURS :
Thibault est un enfant sauvage ayant grandi dans une meute près de Paimpol. Rescapé des combats clandestins, il devient acteur, metteur en scène, pilote, cinéaste et administrateur. Des suites d'une arrestation, il rencontre Owen en cellule, dans une cale de bateau. Ils décident alors de faire des films ensemble.

ℹ : Après avoir découvert le binôme avec LA VILLE S'ENDORMAIT en 2015 (6ème édition - Mention spéciale du Jury de la Presse), Courts en Betton a également participé à la production de leur film LE PÉRIL JAUNE en 2019.

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COMMENTAIRE - Par Léo Dazin, Président d'Equinok Films :

Dernier film en date de l’association. QU'ELLE REVIENNE est probablement le film somme de ses réalisateurs, le fameux film de la « maturité ». C’est un vrai film français, un huis clos en appartement avec un message à la fin. Mais peint à la main, le message…

COMMENTAIRE - Par Simon Auger :

Rester cloîtré entre quatre murs équivaut à s’enfermer en tête à tête avec soi-même. C’est ce qu’expérimente le protagoniste de QU'ELLE REVIENNE lorsqu’il coupe les ponts avec la réalité extérieure et se replie dans le fantasme d’un amour avec une livreuse d'Apéro Minute. Difficile de voir le romantique de ses commandes répétées, suivi par des échanges banals et sans profondeurs. Malgré ses défauts, il reste néanmoins observé sans fausse empathie, ses illusions et son alcoolyse évident apparaissant comme une simple part de sa personnalité. QU'ELLE REVIENNE choisit de donner des couleurs à cette existence bichromatique par l’humour, et porte aux obsessions d’un marginal désœuvré toute son attention.