Grand Prix du Jury (2019)

L’IMMEUBLE DES BRAVES Bojina Panayotova
PITCH : Comme chaque jour, Ivan revient devant l'immeuble dont il s'est fait expulser. Il vient nourrir Gigi et Sara, deux chiens errants qui vivent encore là. Mais ce matin, les chiens ont disparu…
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COMMENTAIRE - Par Pascale Breton, cinéaste :
Arracher un morceau à la vie, tel est le but effarant du cinéma. Formulé ainsi, on imagine la cinéaste tapie pendant le festin du tigre du réel, guettant un moment d’inattention. S’il n’en tenait qu’à elle, peut-être se confierait-elle à un poème, un dessin. Et le cinéma pourrait disparaître comme il est apparu, à la faveur d’une mutation du regard. Mais le spectateur veut ce morceau de choix, il réclame cette victoire sur la mort.
Dans son premier long-métrage, JE VOIS ROUGE, Bojina Panayotova présentait la mutation d’un pays (la Bulgarie) sous la forme d’une chronique personnelle. A contrario, dans ce court-métrage issu du matériau du même tournage, elle part d’une anecdote pour bâtir une épopée. Embarquées par la colère puis la détresse d’un homme qui cherche ses chiens, la caméra et la cinéaste documentent sa quête avec le désir de ne pas manquer une miette de l’énigme de rencontre.
La suite est simple comme la nouvelle vie quotidienne : la fourrière a un nom à consonance écologique, la ligne de bus qui y mène a été supprimée et, à la volée, vu d’un bus, un groupe de policiers à l’air sournois rôde autour d’un homme menotté face contre terre.
La dystopie c’est maintenant. Il suffit de voir l’effroi que suscite l’œil noir de la caméra dans les regards des personnes rencontrées, effroi dont le montage fait un motif. Ce qui fait peur dans cet œil, ce n’est pas exactement ce qu’il capte, c’est le hublot qu’il ouvre sur la profondeur du temps. À l’ombre d’un bosquet urbain par ce jour chaud, la vision des couches délaissées des chiens disparus (« C’est là qu’ils faisaient la sieste ») nous fait pleurer sur notre propre abandon, et annule toutes les déceptions que nous cause parfois le cinéma.
BIO DE LA RÉALISATRICE :
Bojina Panayotova est née en 1982 en Bulgarie. À la chute du mur, elle suit sa famille qui émigre en France. Après des études de cinéma à La Fémis, elle repart en Bulgarie et se lance dans la fabrication de films sauvages. Son premier long métrage documentaire JE VOIS ROUGE sort en salles au printemps 2019. L’IMMEUBLE DES BRAVES est son cinquième film.
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COMMENTAIRE - Par Pascale Breton, cinéaste :
Arracher un morceau à la vie, tel est le but effarant du cinéma. Formulé ainsi, on imagine la cinéaste tapie pendant le festin du tigre du réel, guettant un moment d’inattention. S’il n’en tenait qu’à elle, peut-être se confierait-elle à un poème, un dessin. Et le cinéma pourrait disparaître comme il est apparu, à la faveur d’une mutation du regard. Mais le spectateur veut ce morceau de choix, il réclame cette victoire sur la mort.
Dans son premier long-métrage, JE VOIS ROUGE, Bojina Panayotova présentait la mutation d’un pays (la Bulgarie) sous la forme d’une chronique personnelle. A contrario, dans ce court-métrage issu du matériau du même tournage, elle part d’une anecdote pour bâtir une épopée. Embarquées par la colère puis la détresse d’un homme qui cherche ses chiens, la caméra et la cinéaste documentent sa quête avec le désir de ne pas manquer une miette de l’énigme de rencontre.
La suite est simple comme la nouvelle vie quotidienne : la fourrière a un nom à consonance écologique, la ligne de bus qui y mène a été supprimée et, à la volée, vu d’un bus, un groupe de policiers à l’air sournois rôde autour d’un homme menotté face contre terre.
La dystopie c’est maintenant. Il suffit de voir l’effroi que suscite l’œil noir de la caméra dans les regards des personnes rencontrées, effroi dont le montage fait un motif. Ce qui fait peur dans cet œil, ce n’est pas exactement ce qu’il capte, c’est le hublot qu’il ouvre sur la profondeur du temps. À l’ombre d’un bosquet urbain par ce jour chaud, la vision des couches délaissées des chiens disparus (« C’est là qu’ils faisaient la sieste ») nous fait pleurer sur notre propre abandon, et annule toutes les déceptions que nous cause parfois le cinéma.
BIO DE LA RÉALISATRICE :
Bojina Panayotova est née en 1982 en Bulgarie. À la chute du mur, elle suit sa famille qui émigre en France. Après des études de cinéma à La Fémis, elle repart en Bulgarie et se lance dans la fabrication de films sauvages. Son premier long métrage documentaire JE VOIS ROUGE sort en salles au printemps 2019. L’IMMEUBLE DES BRAVES est son cinquième film.